Pendant longtemps, le bien-être animal se résumait à éviter la souffrance. Mais les mentalités ont évolué, et avec elles, les attentes de la société. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de protéger les animaux, mais de favoriser leur épanouissement.
Grâce aux apports de la science et des réflexions menées à l’échelle européenne, la notion de « Positive Animal Welfare » (PAW) ou bien-être animal positif s’impose progressivement comme une nouvelle référence. Elle invite à envisager l’animal non plus comme un être passif à préserver, mais comme un individu sensible capable de vivre des expériences positives, de développer ses compétences et d’exprimer pleinement sa nature.
Les cinq libertés fondatrices du bien-être animal
Formalisées dès 1979 par le Farm Animal Welfare Council (FAWC) au Royaume-Uni, ces cinq libertés biologiques fondamentales restent la base de toute réflexion sur le bien-être animal :
-
Absence de faim, de soif et de malnutrition
-
Absence de peur et de détresse
-
Absence d’inconfort
-
Absence de douleur, de lésions ou de maladie
-
Liberté d’exprimer un comportement naturel
Elles visent à éviter les souffrances et garantir des conditions de vie décentes, autant pour les animaux d’élevage que pour les animaux de compagnie.
Une société en pleine évolution
Les Français sont de plus en plus sensibles à la condition animale.
Le dernier baromètre IFOP/30 Millions d’Amis (janvier 2025) le confirme :
-
83 % souhaitent l’interdiction de l’élevage intensif,
-
84 % veulent l’interdiction de la vente d’animaux en ligne,
-
89 % jugent inacceptable l’abattage sans étourdissement.
Cette sensibilité croissante s’accompagne d’une attente sociétale forte envers les institutions et les acteurs du monde animalier.
Le bien-être ne suffit plus : les citoyens veulent des animaux heureux, actifs, épanouis.
Le bien-être animal positif : un nouveau cap
Une approche multidisciplinaire
Le concept de « Positive Animal Welfare » (PAW) a été formalisé par 330 scientifiques de 42 pays européens, dans le cadre du projet COST Action Lift, réunissant éthologues, vétérinaires, philosophes, neurobiologistes et chercheurs en comportement.
Selon Jean-Loup Rault, professeur à l’université vétérinaire de Vienne, le bien-être animal positif se définit comme :
« L’épanouissement de l’animal par la prédominance d’états mentaux positifs et le développement de ses compétences et de sa résilience. »
Les 4 piliers du bien-être animal positif
Le bien-être animal positif représente un véritable changement de paradigme, passant d’une approche centrée sur l’évitement des souffrances à une vision proactive favorisant l’épanouissement. Cette évolution répond aux attentes sociétales croissantes et s’appuie sur des avancées scientifiques significatives. Pour mettre en œuvre cette approche, les chercheurs ont identifié quatre piliers fondamentaux qui structurent le concept de « Positive Animal Welfare » (bien être animal positif) et guident son application pratique, que ce soit en élevage, en refuge ou au sein des foyers.
1. L’épanouissement
Il s’agit de favoriser, à long terme, les émotions positives, la satisfaction globale, l’autonomie, les relations sociales harmonieuses et le sentiment de contrôle. Ce concept s’inspire directement de la psychologie humaine.
2. Les états mentaux positifs
Au-delà de l’absence de mal-être, les animaux doivent pouvoir vivre des émotions gratifiantes, qu’elles soient affectives (plaisir, affection) ou cognitives (curiosité, anticipation). Chaque animal a une sensibilité et une personnalité propre à respecter.
3. Le développement de compétences
Permettre à l’animal d’apprendre, de résoudre des défis, d’exprimer des comportements naturels et d’interagir librement avec son environnement contribue directement à son équilibre émotionnel.
4. La résilience
Face à un changement, un stress ou un traumatisme, l’animal doit pouvoir se réajuster émotionnellement, retrouver un état d’équilibre. Cela passe par un environnement adapté, rassurant, avec des repères et du soutien.
Le bien-être animal ne se limite plus à éviter la souffrance, il vise désormais à favoriser le bonheur des animaux.
Qu’ils vivent en élevage, en refuge ou à nos côtés dans nos foyers, les animaux ont besoin d’un environnement qui les stimule, les respecte et leur permet de s’épanouir.
Cette vision nouvelle engage autant les professionnels (vétérinaires, éducateurs, éleveurs) que les propriétaires d’animaux. Le bien-être animal est désormais un enjeu éthique, scientifique et sociétal.
Sources :