Depuis la médiatisation tragique de Neko, un chat écrasé par un TGV à Montparnasse en 2023, les regards se tournent vers la SNCF. Face à l’émotion publique et aux pressions des associations de protection animale, l’entreprise ferroviaire vient enfin de mettre en place une procédure officielle : 20 minutes maximum pour tenter de sauver un animal sur les voies. Une avancée ? Peut-être. Une solution satisfaisante ? Pas vraiment, selon les défenseurs des animaux.
Neko, le chat qui a fait bouger la SNCF
Le 2 janvier 2023, Neko, un chat appartenant à une mère et sa fille, s’était échappé de sa cage sur le quai de la gare Montparnasse et avait trouvé refuge sous un TGV prêt à partir. Malgré les supplications de sa famille, le train avait quitté la gare, tuant l’animal. Le choc avait été tel que la Fondation Brigitte Bardot, 30 Millions d’Amis, et même le ministre de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin, avaient exprimé leur indignation.
Poursuivie pour négligence, la SNCF avait été condamnée en première instance à indemniser la famille, avant d’être relaxée en appel. Mais la pression citoyenne a poussé l’entreprise à revoir sa politique interne.
20 minutes pour sauver une vie animale
Depuis le 15 mai 2025, un nouveau protocole est officiellement en vigueur. Il prévoit :
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10 minutes de « levée de doute » : les agents observent les rails pour localiser l’animal.
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10 minutes supplémentaires si l’animal est vu : tentative d’éloignement sans entrer sur les voies.
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Si aucune solution n’est trouvée, le train part lentement, « à la vitesse d’un homme au pas », pour laisser une dernière chance à l’animal.
Une mesure jugée insuffisante
Pour Reha Hutin, présidente de 30 Millions d’Amis, cette décision est « une communication ratée » :
« On ne met pas une durée sur la vie d’un animal. Vingt minutes, c’est dérisoire. Et après, ça leur donne le droit de l’écraser ? »
Elle déplore que l’entreprise n’ait pas profité de l’occasion pour envoyer un signal fort sur la place des animaux dans notre société, et sur la nécessité d’une véritable compassion.
Protéger les animaux dans les lieux publics : un enjeu plus large
Ce cas soulève une question plus globale : comment mieux protéger les animaux dans les espaces publics, où ils sont souvent perçus comme des « nuisances » ou des imprévus ? Transports, restaurants, hébergements… les politiques doivent évoluer pour intégrer les animaux de compagnie, désormais considérés comme des membres à part entière de la famille par près de 70 % des Français.
La SNCF a-t-elle pris la bonne décision ? Elle a le mérite de proposer un cadre là où il n’y en avait pas. Mais aux yeux de nombreux défenseurs des animaux, ce protocole reste trop rigide, trop court et pas assez compatissant. Un animal n’est pas un bagage perdu. C’est un être vivant qui mérite mieux que 20 minutes de sursis.
Sources :
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Article original sur L’Union / AFP, 17 mai 2025 : Lien
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Fondation 30 Millions d’Amis
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Communiqué SNCF (mai 2025)