Le vol d’animaux de compagnie n’est pas une anecdote : c’est un phénomène en pleine expansion. Derrière l’attachement affectif à un chien ou un chat se cachent désormais des enjeux économiques, sociaux, mais aussi criminels.
Une hausse préoccupante des vols
Le vol d’animaux de compagnie continue de croître en France. En 2023, 576 chiens et chats ont été déclarés volés dans le Fichier National d’Identification des Carnivores Domestiques (I-CAD). Une tendance alarmante qui confirme l’augmentation progressive observée ces dernières années. Rien que pendant l’été 2024, 135 cas ont été recensés, soit près d’un quart des vols annuels concentrés en trois mois seulement. Ces chiffres, bien qu’élevés, ne représentent que les cas officiellement signalés. En réalité, le nombre réel pourrait être bien plus important, de nombreux propriétaires ne déclarant pas la disparition de leur animal comme un vol.
Les races les plus ciblées
Les trafiquants visent principalement des animaux de race, très demandés sur le marché parallèle. Du côté des chiens, les Husky de Sibérie, Chihuahuas et Staffordshire Terriers Américains figurent parmi les plus ciblés, selon l’I-CAD. Leur valeur peut grimper jusqu’à plusieurs milliers d’euros, en particulier pour les individus inscrits au LOF (Livre des Origines Français). Certains spécimens rares ou “tendance” peuvent être revendus rapidement en ligne, dans des circuits d’élevage clandestins ou même à l’étranger. La motivation est avant tout financière, mais les conséquences pour les propriétaires sont profondément affectives.
Un trafic mondial structuré
Le trafic d’animaux domestiques se positionne au 3e rang mondial des trafics, juste après ceux des armes et des stupéfiants. Certains animaux sont destinés à la reproduction dans des élevages clandestins, d’autres à la revente rapide via des petites annonces.
Un compagnon volé, une vie bouleversée : le témoignage d’un berger
Parmi les nombreuses histoires dramatiques liées aux vols d’animaux, celle de Hayden, un berger itinérant originaire de Gironde, a particulièrement ému les réseaux sociaux en fin d’année 2023. Son chien, Omora, un border collie de quatre ans, a été dérobé en pleine journée alors qu’il faisait une halte rapide dans un hypermarché parisien.
Omora n’était pas seulement un compagnon de route, c’était un partenaire de travail essentiel. Hayden l’avait formé lui-même, patiemment, pour la conduite de troupeaux. « Je suis berger, sans lui je ne peux pas travailler », confiait-il dans une interview poignante accordée à Brut. À ce moment-là, il était en mission sur un troupeau de plus de 10 000 têtes. « C’est plus qu’un chien de travail, c’est un ami, un membre de ma famille », ajoutait-il, la voix tremblante.
Ce vol a bouleversé son quotidien et son équilibre professionnel. Hayden avait laissé Omora, bien dressé et habitué à rester immobile sur commande, devant l’entrée du commerce. Il ne s’était absenté que quelques minutes, juste le temps d’acheter un sandwich. « Quand je lui demande de ne pas bouger, il ne bouge pas. C’est quelqu’un qui l’a pris, délibérément », explique-t-il avec conviction.
« Quand je lui demande de ne pas bouger, il ne bouge pas. C’est quelqu’un qui l’a pris, délibérément »
Très vite, Hayden a lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux. Des milliers d’internautes ont partagé son message, relayé notamment par les comptes de l’association Ziggy Angels et de la Brigade de protection animale. Malgré cette mobilisation, Omora reste introuvable au moment de la publication de l’article.
Ce témoignage illustre à quel point ces actes de vol dépassent la simple perte d’un animal de compagnie : ils brisent une relation unique, fragilisent une activité professionnelle et laissent un vide immense. Hayden n’a jamais baissé les bras, poursuivant sans relâche ses recherches, soutenu par une communauté bouleversée par son histoire.
Des associations engagées
L’association WAF, composée de bénévoles issus des forces de l’ordre et de civils, travaille d’arrache-pied pour retrouver les animaux volés. Leur rôle est crucial dans un contexte où la justice est souvent jugée trop laxiste.
Comment se protéger ?
-
Ne jamais laisser son animal sans surveillance en public.
-
Utiliser des colliers GPS.
-
Vérifier régulièrement ses coordonnées sur le fichier ICAD.
-
Signaler tout vol immédiatement aux autorités et sur les réseaux spécialisés.