Carlin ou persan, bouledogue ou exotic shorthair : ces chiens et chats aux petits museaux plats ont un air de famille troublant. Ce n’est pas une coïncidence, ni une évolution naturelle : c’est une transformation que nous avons largement provoquée. Par nos choix esthétiques, notre attirance pour le « mignon » et nos pratiques d’élevage, nous avons poussé chiens et chats à se ressembler… au risque de leur santé.
Un goût humain pour les « bébés à poils »
Nous avons un faible irrésistible pour les grands yeux, les visages ronds et les petits museaux. Ce que les Japonais appellent le style « kawaii » correspond, selon les chercheurs, à un déclencheur biologique : ces traits infantiles éveillent en nous un instinct de protection, comme pour un nourrisson. Résultat ? Nous préférons les animaux qui ont une tête de bébé… même à l’âge adulte.
Et c’est là que les éleveurs interviennent. Pour répondre à cette demande affective et esthétique, ils sélectionnent des animaux au crâne toujours plus rond, au nez toujours plus court. Un phénomène qui touche aussi bien les chiens que les chats : un carlin et un chat persan ont aujourd’hui des traits bien plus proches l’un de l’autre… qu’ils ne le sont de leurs ancêtres respectifs, le loup et le chat sauvage d’Afrique.
Une convergence… forcée
Les scientifiques parlent ici d’évolution convergente : quand deux espèces différentes finissent par développer des traits similaires face à une même pression. Sauf qu’ici, ce ne sont pas des contraintes naturelles, mais nos préférences humaines qui les poussent dans cette direction.
Des chercheurs américains ont étudié près de 2 800 crânes de chats, chiens et ancêtres sauvages. Le constat est sans appel : la variété de formes crâniennes chez les animaux domestiques est nettement plus importante… mais aussi plus éloignée de la nature d’origine.
Mignon oui, mais à quel prix ?
Derrière cette mignonnerie artificielle se cachent des réalités plus sombres :
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Difficultés respiratoires chez les races brachycéphales (carlin, bouledogue, persan).
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Problèmes oculaires ou dentaires liés à la structure de la face.
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Souffrance chronique souvent minimisée, car ces animaux paraissent calmes ou « fragiles » par nature.
Ces dérives posent des questions éthiques majeures : à force de vouloir des animaux « mignons », ne sacrifie-t-on pas leur santé à nos propres désirs ?
En tant que propriétaires responsables, aimants, et bien informés, nous avons le pouvoir — et le devoir — de faire des choix qui respectent vraiment le bien-être animal.
Sources :
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Slate.fr (mai 2025) : Les chats et les chiens se ressemblent de plus en plus…
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Études scientifiques sur la brachycéphalie (Université Cornell et Washington)