Dans un monde où le numérique s’impose dans toutes les sphères de la santé, la médecine vétérinaire ne fait pas exception. La télémédecine vétérinaire – ou TMV – s’est imposée comme une alternative innovante, en réponse à des besoins croissants d’accessibilité et de confort, notamment depuis la pandémie de Covid-19. Mais que permet-elle vraiment ? Est-elle encadrée ? Et quels sont ses enjeux pour 2025 ?
Qu’est-ce que la télémédecine vétérinaire ?
La TMV regroupe plusieurs actes médicaux réalisés à distance grâce aux outils numériques (visioconférences, applications, plateformes sécurisées). On y retrouve :
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La téléconsultation (échange direct vétérinaire-propriétaire).
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La télésurveillance (analyse de données médicales à distance).
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La télé-expertise (consultation entre confrères spécialistes).
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La téléassistance (aide technique en temps réel pour un acte).
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La télé-régulation (triage des urgences).
Ces pratiques ne remplacent pas l’examen clinique mais permettent de gagner du temps, de désengorger les cliniques, et de faciliter le suivi des traitements.
Quelles sont les conditions pour une téléconsultation vétérinaire ?
En France, la téléconsultation vétérinaire est possible à condition que le vétérinaire ait déjà examiné l’animal physiquement au moins une fois. Ce lien préalable est essentiel pour garantir la qualité du suivi et la sécurité de l’animal. Le vétérinaire doit également être inscrit à l’Ordre national des vétérinaires, et disposer d’un outil de communication sécurisé permettant de tracer et d’archiver les échanges.
Par ailleurs, le vétérinaire reste libre de refuser une téléconsultation s’il estime qu’un examen en présentiel est indispensable. Il ne peut pas poser de diagnostic ou prescrire un traitement sans avoir eu ce premier contact clinique, sauf en cas d’urgence avérée. Enfin, un compte-rendu de chaque téléconsultation doit être rédigé et intégré au dossier médical de l’animal.
Où en est-on en France en 2025 ?
La téléconsultation vétérinaire a été autorisée à titre expérimental en 2020 par décret, principalement pendant la crise sanitaire. Cette phase pilote a permis d’observer :
- Moins de stress pour les animaux
- Un gain de temps pour les vétérinaires
- Une meilleure accessibilité dans les zones rurales
- Un outil de suivi post-opératoire apprécié
Cependant, depuis novembre 2021, il n’existe plus de cadre réglementaire en vigueur, la phase pilote étant terminée. Malgré les demandes de l’Ordre des vétérinaires, aucun nouveau texte officiel ne vient encadrer définitivement cette pratique. Les vétérinaires peuvent continuer à pratiquer la TMV dans le cadre initialement expérimenté, mais cela reste juridiquement flou et donc risqué.
Ce que permet (et ne permet pas) la Télémédecine vétérinaire
Elle permet :
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un suivi post-traitement,
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des conseils de nutrition ou comportement,
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une orientation en cas d’urgence,
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des échanges interprofessionnels.
Elle ne permet pas :
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d’établir un diagnostic en première intention,
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de prescrire des médicaments sans consultation physique préalable,
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de remplacer une auscultation dans les cas graves.
Ce qu’en pensent les professionnels
Certains praticiens voient dans la TMV un formidable levier pour moderniser leur pratique, d’autres y perçoivent des limites éthiques et légales. Les propriétaires, eux, sont parfois sceptiques à l’idée de payer une téléconsultation, jugée « moins complète » et pour laquelle ils devront assister ce dernier. Devoir tenir son téléphone d’une main et ouvrir la gueule d’un berger allemand qui souffre pourrait être problématique pour un propriétaire seul…
Quelles perspectives pour demain ?
Les experts s’accordent sur le fait que la TMV n’a pas vocation à remplacer la consultation classique, mais à la compléter. Dans les années à venir, on pourrait assister à :
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l’apparition d’un cadre légal stable,
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le développement de modèles hybrides (présentiel + télésoins),
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l’intégration de données biométriques animales en temps réel (température, rythme cardiaque…),
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et même l’arrivée de l’intelligence artificielle pour interpréter photos, vidéos et comportements.
La téléconsultation vétérinaire est une avancée majeure qui pourrait transformer durablement la relation soignant-animal-propriétaire. Pour cela, il reste à définir un cadre clair, à former les professionnels, et à rassurer les propriétaires. Une (r)évolution numérique qui, bien encadrée, pourrait devenir un véritable atout en santé animale.