Une prise de conscience nécessaire
Nos animaux de compagnie font partie intégrante de nos familles. En France, plus de 27 millions de chiens et chats partagent notre quotidien, un chiffre qui illustre à quel point la relation humain-animal s’est renforcée ces dernières décennies. Mais cette affection a aussi un revers moins connu : nos compagnons à quatre pattes ont, eux aussi, une empreinte écologique significative.
Leur alimentation, leurs jouets, leurs soins, leur litière ou même leurs déplacements ont un coût environnemental souvent invisible. Sans remettre en question l’amour et les soins que nous leur portons, il devient essentiel de s’interroger : comment concilier bien-être animal et respect de la planète ?
Bonne nouvelle : il existe de nombreuses solutions concrètes pour réduire l’impact écologique des animaux de compagnie, sans nuire à leur santé ni à leur confort.
L’alimentation : le principal facteur d’impact
Une empreinte carbone méconnue
L’alimentation est de loin la première source d’empreinte écologique d’un animal domestique.
Les croquettes, pâtées et friandises pour chiens et chats reposent majoritairement sur des protéines animales issues de l’élevage industriel, un secteur responsable d’environ 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Selon une étude publiée en 2023 dans Nature Sustainability, les animaux de compagnie seraient à l’origine de 25 à 30 % des émissions de CO₂ associées à la production de viande. Un grand chien consommerait en moyenne plus de 300 kg de nourriture par an, soit un équivalent carbone comparable à celui d’un véhicule parcourant 10 000 km.
Repenser la gamelle sans nuire à la santé
Faut-il pour autant mettre son chien au régime végétarien ? Pas forcément.
Les chiens sont des carnivores opportunistes, capables de digérer certaines protéines végétales, tandis que les chats restent des carnivores stricts, dépendants de nutriments comme la taurine, absente du monde végétal.
La clé réside donc dans le choix de la qualité et de la provenance des ingrédients.
De nombreuses marques françaises et européennes développent aujourd’hui des gammes plus durables :
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utilisation de coproduits animaux (parties non consommées par l’homme mais riches en nutriments) ;
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protéines d’insectes (Hermetia illucens, ténébrion) à très faible empreinte carbone ;
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approvisionnement local et transparent ;
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réduction des emballages et production éco-conçue.
Les croquettes à base d’insectes ou de protéines alternatives séduisent de plus en plus de propriétaires soucieux d’allier nutrition et durabilité (Nos truffes – Nature bio)
Les accessoires : la surconsommation en question
Jouets, paniers, colliers, vêtements, gamelles, box mensuelles : nos animaux n’échappent pas à la mode de la surconsommation.
Les objets sont souvent produits à bas coût, à partir de plastiques ou textiles synthétiques, puis remplacés régulièrement.
Résultat : une montagne de déchets qui finissent en décharge ou en incinération.
Vers une consommation plus responsable
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Acheter moins, mais mieux : privilégier des accessoires durables, réparables, fabriqués en France ou en Europe.
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Favoriser les matières naturelles : coton bio, chanvre, lin, bois ou bambou.
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Recycler et donner : les vieux paniers ou jouets peuvent bénéficier à un refuge ou à une association.
Certaines marques vont encore plus loin : elles conçoivent des jouets en plastique recyclé (issus d’océans ou de bouteilles PET) et des coussins fabriqués à partir de textiles upcyclés (Sanicat ) .
Ces alternatives permettent de limiter les déchets sans renoncer au confort ni à l’esthétique.
Litière, hygiène et soins : les polluants cachés
La litière, un déchet massif
Un chat d’appartement utilise en moyenne 30 à 40 kg de litière par an.
La plupart des litières conventionnelles sont fabriquées à base d’argile ou de bentonite, des matériaux extraits de carrières à fort impact écologique. Leur production détruit des écosystèmes, consomme beaucoup d’eau et d’énergie, et génère des poussières polluantes.
La solution ? Les litières végétales, à base de sciure, copeaux de bois, maïs, fibres de papier recyclé ou chanvre.
Elles sont biodégradables, compostables et tout aussi absorbantes. Certaines sont même parfumées naturellement, sans additifs chimiques.
Les produits d’hygiène et antiparasitaires
Les shampooings, pipettes antiparasitaires et produits nettoyants contiennent souvent des substances chimiques (insecticides, parfums de synthèse, tensioactifs) qui polluent l’eau une fois rincées.
De plus en plus de marques développent désormais des gammes naturelles :
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shampooings solides à base d’huiles végétales et d’huiles essentielles ;
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sprays antiparasitaires à base de margosa, lavande ou citronnelle ;
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nettoyants biodégradables sans parabènes ni silicones.
Un animal “écolo” n’a pas besoin de produits en excès : un soin raisonné est souvent plus bénéfique pour sa peau et pour la planète. On peut citer par exemple la marque biovetol, ou encore la patte verte.
Les déplacements : la mobilité aussi compte
Balades, voyages, visites vétérinaires… Nos animaux se déplacent souvent avec nous, en voiture ou en transport.
Si l’impact reste limité individuellement, les trajets réguliers ou longs (vacances, concours, expositions) augmentent l’empreinte carbone du foyer.
Quelques gestes simples peuvent aider :
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regrouper les déplacements (courses + vétérinaire) ;
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privilégier les cliniques de proximité ;
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utiliser des moyens doux pour les promenades urbaines (vélo cargo, marche, transports).
Certaines villes favorisent désormais les déplacements “pet-friendly” en transports publics, réduisant ainsi la dépendance à la voiture.
Le rôle de l’adoption et de la démographie animale
L’écologie passe aussi par une réflexion sur le nombre d’animaux adoptés et leur origine.
Chaque adoption responsable — plutôt qu’un achat en élevage intensif — contribue à réduire la surproduction et les abandons.
Les refuges français accueillent plus de 100 000 animaux par an : leur donner une seconde chance évite d’alimenter la filière industrielle et valorise une approche plus éthique.
L’identification et la stérilisation sont aussi des leviers essentiels : elles permettent de réguler la population animale, de limiter les errances et de réduire les impacts indirects sur la faune sauvage (prédation, transmission de maladies, etc.).
Les innovations vertes du secteur animalier
L’industrie du pet care commence à s’engager activement dans la transition écologique :
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Croquettes à base d’insectes (moins de 1 % des ressources d’un élevage bovin pour la même valeur protéique).
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Accessoires éco-conçus issus de plastiques marins ou textiles recyclés.
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Litières compostables certifiées sans additifs chimiques.
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Cosmétiques animaux biodégradables et flacons rechargeables.
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Applications de suivi de consommation pour éviter le gaspillage alimentaire.
Le marché de l’animal durable est en pleine expansion : les consommateurs plébiscitent les produits alliant qualité, éthique et durabilité, un signal fort pour toute la filière.
Écologie et bien-être : un même combat
Être un maître responsable, c’est d’abord chercher à offrir le meilleur à son animal — une alimentation saine, un environnement propre, des soins adaptés.
Mais le respect du bien-être animal et celui de la planète ne sont pas opposés : ils sont intimement liés.
Prendre soin de la Terre, c’est aussi protéger les écosystèmes dont dépendent nos animaux, leurs ressources, leur santé et la nôtre.
Les gestes écoresponsables du quotidien — tri, achats locaux, choix de produits naturels — s’appliquent aussi à eux, sans altérer leur confort.
Nos animaux ne peuvent pas être totalement “écolos”, mais leurs maîtres le peuvent.
Avec des choix réfléchis — une alimentation plus durable, des produits simples, moins de gaspillage — chaque foyer peut réduire son impact.
Le défi n’est pas de transformer nos compagnons en militants verts, mais de mieux équilibrer amour, santé et responsabilité. En adoptant cette conscience écologique, nous faisons de chaque chien et de chaque chat un allié du vivant.